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Toba et le thé rôti
Ce matin, je suis en route pour le Pacifique. J’ai acheté un filet de mandarines pour la soif, et par la fenêtre du train, je regarde passer un paysage doux, alternant des agglomérations de quelques fermes avec des champs de riz déjà moissonnés, des forêts de toutes essences, dont de bambous, des champs de thé. Ici, dans cette partie du Japon, tout cela se cultive en plaine. Le paysage est morcelé de champs minuscules et on voit peu d’espace sauvage. Toba est une petite station balnéaire - la taille de la gare confirme mon impression. Le long du bord de mer, une promenade aménagée pour les touristes, on retrouve le blanc qui éclaircit tous les ports du monde, même les plus petits, et permet à l’horizon d’être plus bleu que bleu. Moins poétiques, et très japonaises, les nombreuses annonces et enseignes en néon pastel. Un peu en décalage, certains endroits semblent presque factices, des sortes de décors de cinéma. Une sorte de passeport visuel pour l’amusement, inspiré de Disney. Nous aussi avons nos fêtes foraines…En semaine et hors saison, la place ne manque pas, et comme il fait très beau, je ferai une provision de soleil. Après tout, je passe une journée au bord de la mer. Pour pouvoir profiter de ses vacances dans ce pays, c’est bien de prévoir un grand budget pour les activités. Certains temples ouvrent leur enceinte gratuitement, pour autant qu’on respecte les lieux, mais la majorité demande une entrée. En échange, on profite de lieux bien entretenus et le ticket est très souvent artistiquement conçu, en tout cas, il donne envie d’être gardé en souvenir. On reçoit aussi dans la plupart des endroits une brochure qui sert de guide à la promenade. Et pour alterner avec la contemplation des jardins de mousse, il existe quantités de possibilités de dépenser son argent. Durant cette visite à Toba, j’ai choisi deux activités : j’irai voir l’Ile aux Perles, avec les plongeuses habillées tout en blanc qui vont chercher les huîtres en apnée, et la visite du musée de la perle de culture, ici étant le berceau mondial de cette activité. L’après-midi, j’ai prévu d’aller voir l’aquarium, qui offre même des démonstrations d’otaries.
J’ai trouvé un endroit pour
dîner très agréable, la salle à manger a de grandes baies vitrées, devant
moi j’ai la vue sur le Pacifique. Il y a de grandes chaises de bois foncé.
Pour patienter avant mon repas, j’aurai droit à toute une théière de thé
rôti. Etant depuis maintenant une semaine au Japon, j’ai eu le temps de
m’habituer à cette odeur, indescriptible et semblable à nulle autre. Dans
le marché couvert de Kyoto, j’ai vu plusieurs de ces gros torréfacteurs
en cuivre qui brassaient lentement leur mélange secret. Rien de fleuri
dans cette odeur, qui est âpre et s’accorde très bien avec le poisson
– mon menu d’aujourd’hui. Mon plateau arrive, chargé de mets de toutes sortes, le tout
en petites quantités, ce qui a fait mon délice tout le long de ce voyage.
Nulle part ailleurs qu’au Japon on n’ose servir juste une cuillère de
pickles, un morceau de poisson mariné, etc. Et quel changement de voir
qu’ici on sert la nourriture dans une vaisselle qui n’est pas coordonnée.
Chez nous, on évite de mélanger les motifs, au Japon, cela semble tout
naturel. Une autre surprise pour moi a été de voir que d’employer de la
vaisselle noire peut rester appétissant.
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