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L’espresso
du café Mozart
J’ai trouvé, tout près de
l’endroit où attend le minibus de l’hôtel, un petit bar tout en
longueur appelé le café Mozart. Par la vitrine on peut voir les ballets des
taxis. Aux heures creuses, il arrive que le chauffeur les époussette avec un
immense plumeau. Ces voitures sont non seulement propres, elles brillent comme
des miroirs. On voit qu’à l’intérieur les sièges arrières sont garnis de
napperons. Toute l’importance qu’on accorde dans ce pays à faire les choses
convenablement. A part les taxis, qui s’arrangent le plus poliment possible
entre eux, il arrive que le livreur de tofu rende tout le monde mécontent avec
sa camionnette. Il reste des heures, et les autres livreurs attendent la place
pour aussi décharger des marchandises. C’est une des rares occasions où
j’ai vu ici les gens s’énerver. D’autres fois, cet endroit
sert de point de ralliement à une course d’école. Ici, les collégiens
portent un uniforme bleu marine, et les filles ont une drôle de silhouette,
avec une jupe très courte et d’immenses chaussettes qui leur retombent sur la
cheville. Cela leur fait des jambes d’éléphant, et le moins qu’on puisse
dire est que cela n’est pas élégant. Mais elles n’ont pas le choix. Tout le monde attend ainsi,
groupé, qu’il se passe quelque chose. C’est une habitude qui se prend vite,
ainsi le fait d’avoir attendu le minibus de l’hôtel souvent en compagnie
d’autres personnes, a fait qu’au retour à Paris, j’avais tendance à me
rapprocher des touristes japonais qui avaient pris le même avion que moi et qui
attendaient comme moi que le brouillard se lève. Pour l’instant, je suis attablée
devant un espresso, et j’écoute la musique – les employés sont bercés de
musique de Mozart toute la journée. Il y a énormément de fumée, dans ce
pays, c’est encore permis. Je sors attendre le minibus. Une file d’attente se forme. Soudain, une dame déjà assez âgée vient se mettre devant moi. La seconde après, une autre dame, d’un peu le même âge, vient vers la première et lui donne un coup de journal, petit et sec, pour qu’elle retourne à sa place. Courbettes, excuses. Tout est arrangé, nous entrerons dans le bus dans le bon ordre. |