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A
Nara, pique-nique de nouilles sautées
C’est ma
première excursion, j’ai un train orange confortable, avec ma place réservée.
Au cours de ce trajet, je regretterai de n’avoir pas de caméra vidéo, qui
aurait pu capter également les sons. J’entends des conversations très
paisibles, que j’aurais volontiers écoutées à mon retour. Il n’y a pas de
cris, ni d’exclamations vives, juste des échanges sympathiques de gens se
rendant en excursion. Je suis partie plus tard que les employés se rendant à
leur poste de travail, je voyage donc avec des gens qui ont le temps, tout comme
moi.
A Nara, je vais suivre le chemin
qui mène aux temples. Ici, les biches sont un animal presque sacré, elles ont
donc un statut protégé. On fait attention si on conduit une voiture, on les
nourrit de biscuits spéciaux, et elles en profitent. S’enhardissant de ce que
personne ne les chasse, elles sont partout, viennent, peu farouches, voir si on
a quelque chose à leur offrir à manger. Les enfants qui peuvent leur tendre un
biscuit sont plus partagés : un mélange de crainte devant cet assez gros
animal, et de faire un sourire pour la photo, donne des visages un peu chiffonnés
à ces petits. C’est amusant à observer, cet apprentissage du courage,
surtout qu’ils ne risquent rien. Très entourés par la famille, on les incite
à continuer. Puis, avec un petit cri, la biche ayant mangé son biscuit, ils
courent vers un parent. C’est dans cette ambiance de
sortie dominicale que je continue ma promenade : je veux aller voir une allée
de lanternes de pierres. Une fois l’an, il paraît qu’on les illumine, on
colle de minces parois de papier, puis on allume une bougie. C’est beau même
en plein jour, sans lumière. Je n’entre pas dans le temple, la place est déjà
occupée par un car de touristes assez bruyants. Je ressens très fortement
pendant ce voyage que, aussi limpide et simple à pratiquer qu’elle
apparaisse, la foi des Japonais n’est pas la mienne. J’éprouve une certaine
paix à contempler des bâtiments monumentaux, mais c’est avant tout parce
qu’ils sont beaux de forme et de couleur. J’adore l’orange vif employé
pour les portes, pour moi c’est une couleur gaie. Je vais ainsi, à mesure que
je rencontre de nouveaux temples, me vitaminer l’esprit. Une manière aussi de
faire une cassure avec le bleu, que j’adore mais que je connais bien.
Au Japon, les endroits sacrés
sont en général construits en bois. Ceux qui ont résisté au feu, aux
tremblements de terre et aux destructions montrent leur âge par leur couleur.
Nulle part ailleurs je n’ai vu de bois si noir – il n’est pas peint, ni
teint, il est juste vieux. Il me faut un bon moment pour faire le tour du
gigantesque Bouddha. J’admire les proportions, le fait aussi qu’il soit
toujours là après tant d’années. Après ces visites culturelles, et comme il fait beau, je décide de rester en plein-air pour dîner. Un stand de nouilles sautées me fournit mon repas, que je vais aller manger dans le parc, en compagnie de quantités de pique-niqueurs japonais. Ici aussi, l’ambiance est au farniente, et les familles s’amusent après le repas avec du badminton ou en restant simplement sur l’herbe. Une respiration bienvenue si on habite tout le temps en ville. Mon café d’après le dîner sera, pour rester dans le ton de cette journée à l’extérieur, issu d’une machine. Très chaud, trop sucré. |